Sous la plage, les pavés !
Quand on évoque la Martinique, la Guadeloupe, Haïti, la Guyane, la Réunion ou Mayotte, les premières images qui viennent à l’esprit ce sont les plages de sable blanc bordées de cocotiers, et des chansons au fort accent de biguine. Et s’il est possible d’y trouver des lieux « paradisiaques » et de zouker toute une nuit par 25° en sirotant un punch à 55°, ces destinations de « rêve » ont en commun un patrimoine musical qui plonge ses racines dans les chants des esclaves.
Avec voix et tambours pour seule instrumentation, les Tambours Croisés dégagent la densité d’un orchestre avec instruments harmoniques !!! Mais le succès rencontré par le groupe tient pour beaucoup à la fonction pédagogique, sociale et politique du tambour depuis quelques années.
Tambours Croisés est la première occasion qui soit donnée aux chanteurs et tambouyés (joueurs de tambours) de l’Outre-mer de se rencontrer pour ce voyage initiatique. De rares opportunités ont permis de réunir 2 « pays », jamais 3, alors 4, 5 ou 6… Projet
conçu comme un événement ponctuel pour l’Année de l’Outre en 2011, Tambours Croisés rassembla alors sur une même scène des musiciens de Martinique, Guadeloupe et Réunion. Le propos n’était pas de faire du maloya, du bèlè ou du gwo ka revisités mais au contraire de trouver leur dénominateur commun.
Depuis, Tambours Croisés s’est enrichit de la présence de Mayotte, de la Guyane et accueille Haïti pour la prochaine tournée. En 2016, Madagascar, la Nouvelle Calédonie et la Polynésie sont pressentis pour intégrer le groupe.
Tambours Croisés 4
Tambours Croisés 4ème édition !!! Qui aurait cru que cet événement survivrait à « 2011 Année des Outre-mer» et deviendrait le seul projet musical réunissant les cinq départements ultramarins. En accueillant Haïti en 2015, l’association Karia doit gérer ce développement. La demande ne se situe pas uniquement sur la diffusion. La pédagogie, la transmission, la création de nouveaux répertoire et la circulation des artistes doivent faire l‘objet d’une action permanente.
Tambours Croisés n’est pas un « Big Band ultramarin », les musiciens qui en font partie se retrouvent en mai-juin pour la tournée/résidence et pour les festivals. Pour rappel, ces artistes résident une semaine au minimum dans chaque département avec au programme des ateliers en milieux scolaire, hospitalier ou carcéral, une rencontre scénique avec un ou des artistes locaux, et des concerts en point d’orgue… Deux musiciens de chaque département suivent la totalité de la tournée et participent autant au choix du répertoire qu’aux arrangements sur la base de musiques traditionnelles. Tambours Croisés est composé exclusivement de tambouyés et de chanteurs, opérant une fusion des rythmes et des voix issus les patrimoines musicaux très différents des Caraïbes et de l’Océan Indien.
L’ARTISTIQUE
On ne change pas un projet qui fonctionne, on ne peut que l’améliorer dans son contenu et dans son déroulement.
Tout en respectant les racines, Tambours Croisés n’est définitivement pas un gardien du temple ! Tambours Croisés interprète du Tambours Croisés en créant un répertoire où les racines sont présentes mais où les fusions s’opèrent pour découvrir de nouveaux horizons avec pour seule instrumentation la voix et le tambour. Pour la 4ème édition, le répertoire sera presque totalement renouvelé. Nous garderons quelques titres particulièrement appréciés et représentatifs du travail déjà accompli. L’objectif sera de composer des titres pour l’occasion.
Tambours Croisés, quatrième du nom, accueillera Haïti, terre de musiques et connue pour la qualité de ses musiciens. C’est aussi l’occasion d’associer un pays qui a particulièrement souffert ces dernières décennies et qui éprouve les plus grandes difficultés à faire valoir son patrimoine culturel dans la Caraïbe et ailleurs.
Une première expérience concluante a eu lieu le 27 juillet dernier à Cannes (création du Festival des Nuits du Suquet). Les Tambours Croisés y ont rencontré un chœur de Gospel sous l’intitulé « Gospel Drums ». Au-delà de l’aspect anecdotique, la logique historique de cette fusion s’impose sur le plan historique et musical. Après les chants des esclaves dans les plantations de canne à sucre, l’évangélisation a eu pour conséquence la transformation des chants païens en chants religieux, le negro-spiritual puis le gospel. D’où la popularité de ce dernier dans les Antilles.
LES ARTISTES
Quelques départs, de nouveaux arrivants, l’adjonction d’Haïti, les Tambours Croisés est une formation à géométrie variable qui a su créer son identité musicale entre musiques actuelles, traditionnel et fusion. Pour la plupart, les artistes composant Tambours Croisés ont connu un regain de notoriété grâce au projet et à la communication qui l’a accompagné.
Parmi les 12 artistes (hormis les artistes invités), on retrouve :
Nenetto (chant), Claude Jean-Joseph (tambours) pour la Martinique
Joël Jean (tambours) et Maryline Dahomay * (chant) pour la Guadeloupe Eno (chant) et Zelito Deliron (tambours) pour la Réunion
MC Lilee (chant) et Christopher Clet (tambours) pour la Guyane
Diho (chant) pour Mayotte
Guerline Pierre * (chant) et Jackson Saintil * (tambours) pour Haïti
Béatrice Alcindor ** (répondé)
(*) Nouveaux venus, (**) retour
LE PORTEUR DU PROJET
Thierry NOSSIN, créateur et coordinateur du projet, officie depuis 37 ans à la reconnaissance des musiques du monde. Producteur d’artistes et d’événements (plus de 450 dont 3 festivals), il a, entre autre, participé à l’encadrement de la Maison du Bèlè de la Martinique de 2003 à 2008 et a codirigé le festival Bèlè Mundo. Il a organisé les rencontres des Maîtres du Bèlè avec des artistes du Brésil, d’Argentine, du Venezuela, du Sénégal, du Congo, d’Inde. Il a contribué, dès la fin des années 70, à la reconnaissance des musiques antillaises en organisant le premier festival de musiques du monde avec des groupes peu connus alors, dont Malavoi, Kassav’, Joby Bernabé, Fal Frett, Max Cilla, Elie Pennont, Dédé Saint Prix, Guy Konket Il est l’un des pionniers de la world music
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